Nous sommes au début de l’aventure de l’électricité en circuit court

Mardi 23 avril 2024 - 20:23
Auto-Consommation Collective : "Pourquoi j’y crois" par Jean-Marie Coulondre

"Cela fait des années que je guette ce moment, celui où l’intérêt individuel se conjuguera avec une vision écologiste économiquement équilibrée et pourra faire boule de neige pour lutter contre le dérèglement climatique. Le moment où le prix de l’électricité facturé aux consommateurs ordinaires que nous sommes, le « tarif régulé », montera à la valeur du coût de l’électricité que nous-mêmes sommes capables de produire localement avec nos panneaux photovoltaïques.

Et ce moment va arriver : le consommateur au tarif (régulé) de base paie actuellement un peu plus de 34 c€/kWh, soit environ 19 c€/kWh si on enlève toutes les taxes (lesquelles affectent aussi nos productions). De notre côté, le cout de revient de développement d’une installation photovoltaïque (nouvelle) est d’environ 16,5 c€/kWh, à revaloriser annuellement à hauteur de l’inflation MOINS 1% sur 20 ans pour récupérer notre investissement. Pour qu’il soit comparable aux 19 c€/kWh du tarif régulé, il faut ajouter à notre coût 3,5 c€/kWh pour payer l’acheminement, soit 20 c€/kWh en tout. Nous sommes donc seulement 5% plus cher que le tarif régulé. Autrement dit, il suffira d’une augmentation de 5% de la part hors taxes du tarif régulé pour que nous soyons au même niveau ! Et cette augmentation VA ARRIVER car c’est le « mur d’investissement » induit par la décarbonation de nos sociétés européennes qui tire progressivement le prix de marché en avant (et non les effets conjoncturels d’aléas géopolitiques). Cela n’est certes pas une bonne nouvelle pour les consommateurs que nous sommes, mais cette tendance économique est inexorable, quels que soit les gouvernements qui seront élus dans les prochaines années.

Quand notre production sera au même niveau que le tarif régulé, en 2025 probablement, nous pourrons aller voir tous nos voisins et leur dire « sur la base d’une production locale et renouvelable, on peut vous proposer une partie de votre électricité à un tarif inférieur au tarif règlementé – car ce dernier augmentera un peu plus que l’inflation, à cause de ce fameux mur d’investissement qui affectera tous les fournisseurs. Donc vous faire faire un peu d’économie, participer à la lutte contre le dérèglement climatique et développer la maitrise de vos choix de production grâce notre dimension locale ».

Et cela sans qu’ils soient forcés d’investir plus que l’achat d’une action de 100 € auprès de VercorSoleiL ! Certes il faudra trouver de notre côté de l’argent pour ces investissements, mais une Centrale Villageoise sait faire cela : à côté des de ceux qui bouclent tout juste leurs fins de mois, il y en a d’autres qui peuvent basculer l’argent de leur livret A sur du financement photovoltaïque (ce qui devrait rapporter à peu près pareil) !

Et cela aussi presque sans subvention des Pouvoirs Publics : jusqu’à présent, pour développer du renouvelable localement, nous étions entièrement dépendant d’un prix d’achat de l’électricité régulé par l’Etat, lequel change tous les 2 mois au gré de fluctuations que nous ne maitrisons pas. Ce prix d’achat va continuer de jouer un rôle d’assurance dans l’équilibre économique de nos projets via le rachat garanti de notre surplus d’énergie[1]. Mais si nous avons suffisamment de sociétaires-consommateurs, et si ceux-ci arrivent à mieux consommer au moment où nous produisons, notre dépendance à l’argent public, donc à des arbitrages budgétaires incertains, devient marginale.

En quelque sorte nous sommes au début de l’aventure de l’électricité en circuit court, tout en restant connectés au reste du pays et à l’ensemble de l’Europe, donc solidaires de nos concitoyens.

Oui, nous arrivons à un moment de basculement ! Et le modèle que nous développons est reproductible presque partout en France (et ailleurs). Donc il va faire boule de neige, avec du photovoltaïque mais aussi avec d’autres énergies renouvelables là où c’est possible. Et en y incluant progressivement une dimension d’économie d’énergie qui reste à développer.

Voilà pourquoi j’y crois."

Jean-Marie Coulondre

 

[1] Celle que nous aurons produite mais qui ne sera pas autoconsommée.